Ne lâchez pas bonheur !
Parfois, pris dans notre quotidien, nous ne prenons pas forcément conscience des moments de bonheur qui s’offrent à nous. Chacun(e) a sa définition du bonheur, et il y a pléthore d’ouvrages philosophiques, de conseils voire de webinaires que vous pouvez trouver sur internet pour être plus heureux... aujourd’hui je voulais partager avec vous une rencontre que j’ai faite il y a quelques mois et le message important que m’a transmis Cécile, en toute simplicité.
Une sympathique rencontre
J’étais de passage à Paris et logeais rue Mouffetard, une agréable petite rue très animée et touristique du 5ème arrondissement. Après avoir fait quelques emplettes, je suis rentrée à l’appartement. Je ne sais pas ce qui m’a poussée à ressortir et à me rendre dans ce petit magasin de souvenir de la rue Mouffetard que j’avais visité quelques minutes plus tôt. Maintenant je le sais. J’ai refait un tour du magasin, un tout petit local rempli de gadgets souvenirs de Paris, une boutique à touristes dans laquelle je ne vais jamais d’ordinaire… Et alors que je me mettais en quête du camion de pompier rose demandé par mon petit dernier, Lucas, 3 ans (au passage si vous en trouvez un jour faites moi signe, je n’ai jamais trouvé ;-) )la gérante du magasin est venue me parler et Cécile me livra un message que je souhaite partager largement.
Nous avons d’abord échangé sur les enfants, mon passage à Paris et je ne sais pas trop comment ni pourquoi, nous avons parlé pendant plus d’une heure. Les échanges que nous avons eus m’ont profondément touchée. En réalité, Cécile m’a touchée, par son regard, sa gentillesse et ce qu’elle m’a transmis.
Alors que je lui expliquais que je venais à Paris pour me former au métier de coach que je rêvais d’exercer pour aider les personnes à se révéler, Cécile m’a dit : “je suis mon propre coach. J’ai perdu mon mari il y a 10 ans et j’’ai eu du mal à m’en remettre et tout le monde voulait que je me fasse aider, et je me suis aidée moi-même”.
Une belle histoire
Voici donc son témoignage. Cécile et Jean-Paul se sont rencontrés à l’âge de 14 ans et ont passé près de 40 ans ensemble, une vie heureuse et bien remplie jusqu’à son décès à l’âge de 52 ans. Quand Jean-Paul, « le plus généreux des Auvergnats » a commencé à être malade, Cécile pense ne pas l’avoir entendu et se dit qu’elle n’avait probablement pas pris la mesure de ses symptômes, car il était fort et plein de vie, et que se plaindre ne ressemblait pas au travailleur qu’il était. Quelques mois plus tard, Jean Paul a consulté un spécialiste sur les conseils de Cécile et le diagnostic est tombé, cancer si avancé qu’il ne lui restait que quelques mois à vivre. Dix ans après, Jean -Paul est toujours là, près d’elle, à chaque fois qu’elle a besoin de lui.
“Ne lâchez pas bonheur, et sachez écouter ceux que vous aimez”.
“Alors vous voyez, me dit Cécile, quand je vois des couples qui se déchirent ou se brouillent pour une histoire de vaisselle pas faite, parce que l’un a payé plus que l’autre dans le ménage, je ne comprends pas. Ils ne savent pas la chance qu’ils ont de pouvoir vieillir ensemble. Moi, j’aurais tellement aimé vieillir auprès de mon Jean-Paul. Alors oui, les choses du quotidien nous polluent, mais quand on a la chance de pouvoir vieillir ensemble, quand nous avons le choix de passer même 5 minutes à nous parler, à écouter un morceau de musique avec la personne qu’on aime, c’est une chance inouïe, et nous pouvons choisir de nous en réjouir plutôt que de nous chamailler pour des broutilles. Alors surtout, ne lâchez pas bonheur et sachez écouter ceux que vous aimez.”
Cécile m’a offert un magnet qu’elle a fait fabriqué à partir d’un des croquis que réalisait son mari, un petit bonhomme qui vous regarde avec un regard à la fois triste et sympathique.
Et si le bonheur se partageait...
Le bonheur était mon sujet de philo au Bac, et je me souviens avoir beaucoup potassé, lu et analysé ce mot sous l’angle théorique. J’avais 17 ans à l’époque et tout ça restait très conceptuel… Le bonheur, somme de petits instants que nous percevons comme tels, est étroitement lié à l’existence de moments qui n’en sont pas ou que nous n’identifions pas comme tels : comment appréhender le bonheur si nous n’avons pas conscience de la différence entre ces moments et les moments qui n’en sont pas, et comment en avoir conscience du bonheur, si ce n’est en prêtant attention à nos perceptions ? Ne serions nous finalement pas simplement inconsciemment heureux ?
Dans son ouvrage Philosopher et méditer avec les enfants, Frédéric Lenoir cite Marie (10 ans):
“Le plaisir c’est quelque chose que j’ai envie d’avoir, le bonheur c’est une joie partagée avec les autres”.
Le café dégusté avec un parent, le rire partagé avec un(e) ami(e), les échanges de regard avec celui ou celle qu’on aime, le sourire de son enfant le matin au réveil, un coucher de soleil, un lever de lune, le chant d’un oiseau, les caresses d’un chat, ou encore l’émotion suscitée par quelques notes de musique…
Tous ces petits moments sont de grands moments de joies simples, et passent parfois inaperçus.
Tous ces moments s’apprécient sur la base de nos perceptions : je peux décider de retenir et d’ancrer le plaisir et la joie que je prends dans ces moments, je peux choisir de les identifier comme des moments de bonheur, voire de les provoquer.
Et de la même façon, j’ai aussi la possibilité de me connecter à ces sensations agréables et régénératrices quand j’en ai besoin ou simplement envie, pour relativiser et mieux accepter les petits et grands soucis de la vie.
“Si nous acceptons les désagréments de la vie avec une profonde sérénité, si nous savons les estimer à leur juste valeur, nous devenons par la même occasion réceptifs au moindre bonheur.”
Sa Sainteté Le Dalaï Lama
Cécile a compris cela, suite au malheur qui l’a séparée de Jean-Paul.
Elle m’a confiée qu’elle continue à écouter l’Andante Concerto n°2 de Mozart quand elle a besoin de se calmer ou de renouer avec cette sensation de bien-être qui l’habitait quand elle était avec Jean-Paul. Et elle retrouve un point d’ancrage, cette sensation de ces moments magiques et précieux que lui ont offert la vie. Je vous invite à l’écouter et à ressentir la joie de ces notes de musique.
Je ne savais pas ce qui m’avait poussée à entrer dans ce magasin, maintenant je le sais.
La vie nous livre des messages, nous pouvons choisir de les reconnaître, de les entendre et de les accepter comme ils viennent.
Alors ne lâchez pas bonheur, sachez écouter ceux que vous aimez !